Ceci n'est pas une brouette ! Du moins, ce n'est pas une brouette ordinaire.
Photo : Céline Jutras 2015 |
Elle a été construite par mon grand-père Albert Jutras dans le milieu des années '30. La boîte est en bois dur. Elle a été assemblée à la main avec des tiges d'acier transversales. Les essieux, le cadrage et le guidon ont été fabriqués avec des tuyaux de fer moulés dans l'ancienne fonderie de la rue Saint-Louis, les mêmes tuyaux qui servaient à faire des clôtures l'Autre bord du lac.
Photo : Michel Jutras 2014 |
Albert Jutras avec la brouette qu'il a fabriquée au milieu des années '30 Photo : Lucien Jutras, vers 1950 |
Au début, elle était chargée de petit bois que mon père rapportait du lac Abattoir pour allumer le poêle de la maison et chauffer le box stove à la cave.
Elle servait aussi à transporter des blocs de ciment, du sable et de la roche. En fait, elle servait à tout et tout le temps mais c'était avant l'arrivée de la société des loisirs !
Pour nous, les ti-culs de la rue Saint-Augustin, ce n'était pas une brouette mais quelque chose entre le tricycle et la boîte-à-savon. Le truc, c'était de descendre l'entrée de la cour du 372 Saint-Augustin, de virer à gauche sur deux roues, de prendre de la vitesse devant chez Dicaire et de négocier la courbe finale tout en restant sur le trottoir... et sur la brouette. Les plus téméraires plaçaient un flyman dans la rue, descendaient la cour asphaltée avec un allant, prenaient le virage au milieu de la rue, se penchaient sur le guidon pour couper le vent et tournaient en chirant sur la rue de la Plage.
Il y avait deux façons de chevaucher la brouette. La première, à califourchon, les deux pattes de chaque côté pour freiner au besoin. La deuxième, pour les plus game, un genou dans la brouette et l'autre pied en dehors pour pousser...
Le pire c'est quand il y avait du sable dans la courbe finale au coin Saint-Augustin et de la Plage.
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Photo : Michel Jutras 2014 |