La tombola du crique Stiud* nous arrivait à la fin de l'été, un dimanche matin, après la messe de 10:00 à la petite église de La Bostonnais.
L'église de La Bostonnais |
Une église, toute petite, où tous les bancs étaient achetés et occupés par les gens du village alors que nous, les saisonniers, devions prendre place dans les chaises droites alignées les unes à l'arrière des autres, le long des deux allées latérales. Et Dieu que c'était long !
Le curé Normandin n'en finissait plus de dire la messe et de réprimander publiquement, pendant son sermon, les paroissiens qu'il considérait à l'évidence comme les siens. Malgré tout, nous l'aimions bien puisqu'il était notre curé de vacances, qu'il avait les joues roses et que nous avions congé du chanoine Caron et de son vicaire, l'abbé Dauphin.
Le curé Normandin et Jos Giroux Source: Appartenance Mauricie |
Et puis, une fois déclaré Ite missa est, nous partions en direction de la tombola. Nous traversions alors le pont couvert de La Bostonnais...
nous longions la rivière jusqu'au petit pont enjambant le crique Stiud...
et là, juste sur la gauche, l'embranchement du chemin menant à une clairière où nous attendaient les jeux, les kiosques et les tables à pique-nique.
La tombola était organisée par le Comité des loisirs, un club récréatif créé par le mouvement coopératif de La Tuque et dont plusieurs employés du magasin Coop faisaient partie.
Ses membres voyaient à la mise en place des kiosques de jeux : le bingo, la pêche-surprise et les jeux d'adresse. Ils les construisaient tous de la même manière: une structure rudimentaire en bouleau ou en faux-tremble à laquelle de larges bandes de carton kraft de la C.I.P. étaient fixées pour habiller l'ensemble. On pouvait y gagner toutes sortes de prix, des plus inutiles aux plus convoités : des lampes sur pied, des jeux d'O-K-O, de Milles bornes, des oursons en peluche, des pelles en plastique, des lampes à l'huile, des porte-savons, des brosses pour le dos, des virevents et des objets décoratifs en porcelaine.
Mon père Lucien Jutras première rangée, 4e à partir de la gauche |
Ses membres voyaient à la mise en place des kiosques de jeux : le bingo, la pêche-surprise et les jeux d'adresse. Ils les construisaient tous de la même manière: une structure rudimentaire en bouleau ou en faux-tremble à laquelle de larges bandes de carton kraft de la C.I.P. étaient fixées pour habiller l'ensemble. On pouvait y gagner toutes sortes de prix, des plus inutiles aux plus convoités : des lampes sur pied, des jeux d'O-K-O, de Milles bornes, des oursons en peluche, des pelles en plastique, des lampes à l'huile, des porte-savons, des brosses pour le dos, des virevents et des objets décoratifs en porcelaine.
Mais ce que nous aimions le plus, c'était toutes ces bouteilles de liqueur qui étaient mises au froid dans le fond du crique: du KIK, de l'orangeade Nesbitt, du Cream soda et de la liqueur aux fraises.
Un beau jour, les membres du Comité des loisirs décidèrent qu'ils construiraient un grand chalet pour accueillir tout le monde pendant la tombola et à d'autres occasions festives. Ce fut une corvée mémorable à laquelle nous participions bien humblement et franchement inutilement.
Des bénévoles à l'oeuvre |
Mon père Lucien Jutras au centre |
Le chalet des loisirs en construction |
De gauche à droite: Michel, Céline, Jacques et Danièle Jutras |
Ces journées de tombola ont marqué notre enfance. Après l'été passé au lac Brochet, nous retournions, le coeur gros, dans notre quartier de l'Autre bord du lac avec nos prix et nos souvenirs de la tombola du crique Stiud.
* Nous disions le crique Stiud mais en fait il s'agissait d'une déformation sonore du mot Stewart, le nom de cette petite rivière qui se jette dans la rivière Bostonnais.