Mon père est né à La Tuque, dans la maison de mon grand-père Albert sur la rue Saint-Augustin.
À l'âge de quinze ans, un an après la mort de sa mère, il quitta l'école et entra chez F.-X. Lamontagne où il travailla comme commis. Il y resta jusqu'en 1945. Les épouses des patrons de la Brown qui demeuraient sur la rue des Anglais l'aimaient beaucoup; pour se faire servir, elles demandaient souvent: "We want Lucian !"
Par la suite, il acheta d'Alberté Fortin, la petite épicerie toute neuve au coin des rues de la Plage et Saint-Augustin.
La maison du 372 rue Saint-Augustin |
À l'âge de quinze ans, un an après la mort de sa mère, il quitta l'école et entra chez F.-X. Lamontagne où il travailla comme commis. Il y resta jusqu'en 1945. Les épouses des patrons de la Brown qui demeuraient sur la rue des Anglais l'aimaient beaucoup; pour se faire servir, elles demandaient souvent: "We want Lucian !"
Quincaillerie F.-X.-Lamontagne Vers 1940 |
Par la suite, il acheta d'Alberté Fortin, la petite épicerie toute neuve au coin des rues de la Plage et Saint-Augustin.
Carte d'affaires de la petite épicerie au coin des rues de la Plage et Saint-Augustin À cette époque, la rue s'appelait "du Lac" |
Mon grand-père lui avait dit: "Lucien, si tu fais crédit, assures-toi de toujours collecter au moins une petite somme par mois sinon, ne fais pas crédit." Un an plus tard, mon père cédait son commerce! Il partit alors travailler comme serveur chez Champoux à Saint-Roch-de-Mékinac.
Mon père Lucien Jutras posant devant l'auberge Champoux |
Quand il revint à La Tuque en 1948, il fut engagé à la COOP comme tailleur de vitres et vendeur de peinture, puis il devint assistant-gérant et par la suite gérant du magasin jusqu'en 1962.
Lucien Jutras (première rangée, premier à partir de la gauche) avec les employés de la Coop à l'époque où il était assistant-gérant |
En 1951, il épousa Carmen Duplantie de Hawkesbury en Ontario. Ma mère connaissait déjà La Tuque et l'Autre bord du lac puisqu'elle visitait à l'occasion sa tante Gracia, mariée à Oscar Dicaire, dans la maison voisine de celle de mon grand-père Albert Jutras (voir l'article Les Dicaire).
En 1962, mon père est entré à la C.I.P au finishing et travailla par la suite à la washroom Il y demeurera jusqu'en 1987. Et pendant toutes ces années, en plus de travailler à la C.I.P. et sans doute pour arrondir les fins de mois, mon père a été chauffeur de taxi pour Dubois Taxi, waiter et maître de cérémonie à l'hôtel Windsor et commis chez J.-A.-Bertrand.
Ma mère avait sans doute remarqué mon père à travers la clôture |
En 1962, mon père est entré à la C.I.P au finishing et travailla par la suite à la washroom Il y demeurera jusqu'en 1987. Et pendant toutes ces années, en plus de travailler à la C.I.P. et sans doute pour arrondir les fins de mois, mon père a été chauffeur de taxi pour Dubois Taxi, waiter et maître de cérémonie à l'hôtel Windsor et commis chez J.-A.-Bertrand.
À son arrivée à la maison après sa dernière journée de travail au moulin. |
Mon père était très impliqué dans la vie latuquoise. Il chantait à la messe tous les dimanches, aux funérailles et ainsi qu'aux mariages. Il a fait partie de l'Harmonie de La Tuque pendant au moins soixante ans et en a été l'archiviste pendant de nombreuses années. Il y jouait des percussions et faisait partie de plusieurs groupes de musiciens dont le célèbre Orchestre Jumbo!
L'Orchestre Jumbo en 1952 de gauche à droite: Raymond Chevrette, mademoiselle Gagnon, Jean-Paul Dompierre et Lucien Jutras |
Lors d'une "pratique" de l'Harmonie
Mon père est debout aux percussionsau premier étage du marché public de la rue Saint-Antoine |
Il a été entraîneur de hockey et de baseball et fut très actif au sein du mouvement 4H. Dans les belles années de la COOP, il était membre du Comité des Loisirs et à chaque année, il participait à l'organisation de la tombola au crique "Stiud" de la Bostonnais comme on disait.
Il chantait le Minuit chrétien à la messe de Minuit de l'église Saint-Zéphirin et cela nous éblouissait.
Dans mon recueil l'Autre bord du lac publié en 2011 aux Éditions d'art le Sabord, j'ai écrit un texte sur la passion de mon père pour la musique.
Faire de la musique
Faire de la musique
c’est jouer d’un instrument
sans livre et sans méthode
à l’oreille
c’est ça
faire de la musique
c’est comme faire à manger
c’est très différent
de cuisiner
nos voisins d’en face
en faisaient de la musique
souvent sur la galerie d’en avant
après le souper et en famille
guitare hawaïenne
guitare basse
Night Hawks de père en fils
nos voisins d’à côté aussi
mais à cinq oreilles au lieu de six
pour que ça sonne plus électrique
nous n’étions pas en reste
puisque mon père
jouait des timpanies
de l’accordéon
de la musique à bouche
et aussi des bongos
du piano
du xylophone
et du gazou
il chantait comme Caruso
et se produisait à la messe
aux mariages
et aux enterrements
mon père faisait de la musique
comme d’autres font du sport
il pratiquait en haut du marché
s’entraînait dans la rue
et montait dans l’arène, à sa manière
pour affronter la foule
au parc Saint-Eugène
Washington Post March
Colonel Bogey
Pump and Circumstance
concert de klaxons
récital de bouteilles vides
patate sel et vinaigre
la vie est belle
mon père faisait de la musique
simplement
les jours de semaine
avec ses amis
le dimanche après-midi
et le soir tranquillement
avant de coucher les enfants
mon père ne jouait pas de la musique
il en faisait
© Michel Jutras
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