Au coeur de l'Autre bord du lac - 1943

Au coeur de l'Autre bord du lac - 1943
Source: BAnQ - détail d'une carte postale 1943 - numérisation Gaston Gravel

lundi 23 mars 2020

Les remèdes de la rue Saint-Augustin

En ces temps de confinement, qu'est-ce que nos vieux de la rue Saint-Augustin auraient fait ?  Albert Jutras, Antoine Tremblay et Charles Tremblay, ils auraient dit quoi ?

-  Hé que ça me fait penser à la grippe espagnole.

-  Faudrait pas trop sortir.  Rester chez-nous.

Un petit-fils leur aurait sans doute posé une question...

-  Mais si j'ai des symptômes ?

-  Des quoi ?

-  Si je tousse et que je fais de la fièvre...

Le Painkiller aurait sans doute été recommandé par tous ces anciens.

Pendant la guerre civile américaine, le Painkiller de Perry Davis était administré tant aux soldats qu'aux chevaux.  Il était recommandé par les médecins, les prêtres, les missionnaires et les garde-malades.  Il guérissait, semble-t-il, le choléra, la diarrhée, les crampes, les colliques, les maladies du foie, les rhumes évidemment, le mal de gorge et la toux.  On pouvait aussi l'employer contre les clous, les brûlures, le mal de dents et les rhumatismes.  Qu'est-ce qu'il y avait dans le Painkiller, je ne le sais pas vraiment mais une chose est sûre c'est qu'on aimait ce que ça goûtait.  Dilué dans un peu de lait chaud, on en buvait quand on commençait un rhume c'est-à-dire presque tout l'hiver !



Si les muscles nous faisaient mal, alors le liniment Minard faisait l'affaire. Au début de la saison de ski, quand on avait les jambes endolories, mon père sortait le liniment Minard et il nous frottait les mollets. La particurité du liniment Minard, c'est qu'une fois étendu, il fallait frotter assez vigoureusement pour qu'il pénètre la peau et puis, avec la chaleur de la main, soudain ça devenait extrêmenent clair et glissant et c'est là que mon père disait que le mal sortait des muscles !




Pour le mal de coeur, mon grand-père Albert Jutras ne jurait que par l'herbe à dinde et il ne comprenait pas qu'on aimait pas ça. Une indigestion par-ici, des nausées par-là, mon grand père avait toujours de l'herbe à dinde en réserve dans la cave. Une petite infusion et hop... on avait encore plus mal au coeur qu'avant !




Mais quand la vraie saison de la grippe débutait, habituellement en novembre, alors là, on sortait l'artillerie lourde.  D'abord le Wampole...

-  Prenez-vous ça vous autres du Wampole ?

-  Non.

-  T'es bien chanceux, c'est méchant en maudit mais faut que j'en prenne un petit verre à chaque matin avant d'aller à l'école.




-  Nous autres, on prend de l'huile de foie de morue...




Mais heureusement, les gélules sont arrivées sur le marché...





Contre le somnambulisme, mon père s'était fait dire au moulin que la tisane d'écorce de tremble c'était génial et même que ça guérissait du ver solitaire.

Alors on s'est mis à "plemer" les trembles autour du chalet et le long de la route de la Bostonnais. On en ramassait, on l'apportait chez-nous, mon père mettait les écorces dans un grand pichet rempli d'eau et il le laissait là, sur le comptoir, des jours et des jours. Quand il jugeait que la tisane était prête, il nous en servait de grands verres. Ho boy ! À ma connaissance, je n'ai jamais eu le ver solitaire.




Finalement la gomme que tous les vieux de la rue Saint-Augustin machaient comme de la Wrigley en palette. Mon grand-père ramaissait la sève qui coulait le long d'une grosse épinette, je n'ai pas dit d'un gros sapin, et il la laissait sècher au soleil et puis la roulait en boule dans le creux de sa main. Quand il jugeait qu'elle était prête, il commençait à la mâcher puis la laissait à nouveau sècher en la collant le plus souvent sur le dessus d'une solive dans la cave de sa maison. De temps en temps, il la reprenait et la mâchait de nouveau puis il la recollait. Ça pouvait durer des années. Ça m'est arrivé souvent d'en décoller une et de la mâcher à mon tour.





On s'ennuie presque de ces vieux remèdes ou tout simplement de nos vieux tout court...





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