À l'âge de 8 ans, j'ai reçu à Noël ma première paire de ski: des "Chalet" en bois avec des attelages à ressort et sans "steel edge"! Quant aux bottes de ski de marque Samson, elles étaient en cuir noir assez souple pour pouvoir marcher avec. Comme nous restions de l'autre bord du lac, ce détail était important puisqu'il me fallait aller à pied avec skis, bâtons et bottes aux pieds jusqu'à la montagne, ce qui faisait exactement 1,7 km à l'aller comme au retour.
Avec mon père Lucien Jutras à l'hiver 1960-1961
Je raconte cette histoire pour en introduire une autre.
J'adorais le ski et j'y allais aussi souvent que je le pouvais. En plus de mon père, un autre skieur demeurait dans notre quartier et il aimait beaucoup le ski lui-aussi. Il me voyait souvent partir avec mes skis et mes bâtons et monter la côte Saint-Louis. Un beau jour, il s'arrêta à ma hauteur avec sa Volkswagen Beetle et me dit: "Mets tes skis à l'arrière et monte." Il l'a fait de nombreuses années par la suite, en fait aussi souvent qu'il le pouvait. Il s'appelait Leonard Ferguson.
Leonard Ferguson était marié à Gabrielle Morin et ils n'avaient pas d'enfant. Leonard Ferguson était un excellent skieur. Il avait des skis magnifiques, des Rossignol en bois laminé double épaisseur sur la partie centrale. Il portait toujours des knickers, des bas à côtes et un gilet scandinave.
Quelques semaines plus tard il me demanda ceci: "Est-ce que tu aimerais ça avoir une case au chalet pour mettre tes skis?" Je lui répondis que oui bien sûr mais que c'était trop cher. Leonard Ferguson m'offrit alors de partager la sienne. La case numéro 2, juste au pied de l'escalier du chalet, juste à côté de celles des meilleurs skieurs et skieuses de la ville. J'ai partagé la case de Leonard Ferguson pendant des années et je me suis toujours souvenu de lui, de sa générosité et de son style de ski.
Leonard Ferguson habitait une belle maison toute blanche à deux étages dans le pied de la côte Saint-Louis, à l'angle de la rue de la Plage.
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