Au coeur de l'Autre bord du lac - 1943

Au coeur de l'Autre bord du lac - 1943
Source: BAnQ - détail d'une carte postale 1943 - numérisation Gaston Gravel

lundi 25 novembre 2013

Nos maisons

Les maisons anciennes de l'Autre bord du lac étaient pour la plupart des maisons à pignons en bardeaux de cèdre.  Habituellement elles n'étaient pas très grandes, souvent 24' x 24', et comportaient une cuisine (la pièce principale) jouxtant un salon minuscule, une chambre des parents s'ouvrant par des portes doubles sur le salon et une salle de toilette logée sous l'escalier donnant accès au premier étage comprenant deux chambres.  Au fil des ans, on leur ajoutait souvent une annexe pour agrandir la cuisine et y installer plus de commodités dont une salle de bain.


Maison du 372 rue Saint-Augustin

Ces maisons étaient peintes d'une couleur rouge vin qui ressemblait drôlement à la couleur des bâtiments du Canadien National.  Elles étaient ceinturées d'une grande galerie à l'avant se prolongeant sur le côté et sous laquelle se trouvait "le trou de la cave", c'est-à-dire l'entrée par laquelle nous pouvions accéder à la cave elle-même.  Cette cave avait aussi son accès intérieur:  une trappe pratiquée dans le plancher de la cuisine ou au fonds d'un rangement que l'on pouvait soulever et retenir ouverte par un crochet;  celle-ci débouchait sur une échelle plus qu'un escalier pour aller à la cave.

Dans mon livre L'Autre bord du lac, j'ai écrit un texte sur les caves de nos vieilles maisons que j'ai intitulé L'établi.  Enfants, nous y passions des heures et des heures.  Nous y fabriquions tout ce qui allait servir nos jeux et nos mauvais coups par la suite.

L'établi qui a inspiré le texte du même nom.

Ces maisons construites entre 1910 et 1920 étaient isolées avec du bran de scie qui se tassait bien évidemment au fil des ans, de telle sorte que les chambres à l'étage étaient souvent froides en hiver.  Les systèmes de chauffage central n'existaient pas ou peut-être que nos grands-parents n'en avaient tout simplement pas les moyens.  Toutefois, ils réussissaient à se débrouiller assez bien malgré tout.  

La nôtre, par exemple, était chauffée grâce à un poêle en fonte, un "box stove" comme on disait, installé dans la cave et emmuré d'une chape de ciment.  L'ensemble finissait par accumuler assez de chaleur pour que celle-ci monte au rez-de-chaussée par une grille pratiquée dans le plancher de celui-ci et une autre dans celui de l'étage.  Selon la croyance populaire ou scientifique, la chaleur finit toujours par monter mais je peux témoigner que cette loi a ses limites et que certains soirs d'hiver, ça prenait pas mal de couvertures de laine pour "s'abriller".  Il y avait bien sûr un poêle à l'huile dans la cuisine dont on allumait les "ronds" avec une mèche au bout d'une grande tige métallique mais il servait surtout à faire la cuisine.

Quand le chauffage central à air pulsé est entré dans la maison, ce fut le paradis !

Jusqu'au début des années '40, il n'était pas rare que le salon et la chambre principale de ces petites maisons servaient à exposer le corps des membres de la famille décédés.  Ce fut le cas de ma grand-mère paternelle, Lumina Duval, décédée à l'automne 1940.  Notre petite maison fut transformée en salon funéraire.  Mon grand-père Albert fit installer des portes doubles entre sa chambre et le petit salon pour permettre d'y exposer le corps de sa femme et d'y recevoir parents et amis.  Mon père, alors âgé de quatorze ans, son frère et ses soeurs dormant (ou si peu) dans leurs chambres à l'étage alors que leur mère reposait dans sa chambre ouverte sur le salon...

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