Au coeur de l'Autre bord du lac - 1943

Au coeur de l'Autre bord du lac - 1943
Source: BAnQ - détail d'une carte postale 1943 - numérisation Gaston Gravel

mercredi 15 janvier 2014

Le banc des vieux

Les vieux de l'Autre bord du lac avaient leurs habitudes et la plus commune était celle de monter en ville pour passer une partie de l'après-midi sur un banc public à l'angle des rues Saint-Antoine et Saint-Joseph.  Le coin leur plaisait bien:  le banc faisait face au sud et il était adossé à la Caisse populaire, l'église était de l'autre côté de la rue Saint-Antoine et de l'autre bord de la rue Saint-Joseph, il y avait la Banque canadienne nationale:  donc, juste assez de va-et-vient pour jaser une partie de l'après-midi.


Le bureau de poste
Source:  BAnQ

Banque canadienne nationale
Souce:  BAnQ
Parmi eux, il y avait les vieux de la rue Saint-Augustin dont mon grand-père, Albert Jutras, Oscar Dicaire notre voisin immédiat, monsieur Antoine Tremblay qui demeurait voisin des Boutet et un autre monsieur Tremblay qui restait chez sa fille Rita mariée à Clément Fortin.  Il y avait aussi Arthur Dubord de la rue Gouin et monsieur Larouche de la rue Saint-Michel.   

On les voyait passer après le dîner, toujours bien mis, portant le chapeau pour se protéger du soleil, la veste, la chemise et souvent la cravate.  Au milieu de la côte Saint-Louis, ils s'arrêtaient et s'appuyaient sur leur canne le temps de reprendre leur souffle.

Après son arrêt habituel au banc des vieux, mon grand-père se rendait à la salle des Chevaliers de Colomb, juste à côté du marché public sur la rue Saint-Antoine pour y jouer aux dames.

Salle des Chevaliers de Colomb - en 1951
Fonds Ernest-L. Denoncourt

Puis, on les voyait revenir vers la fin de l'après-midi juste à temps pour la sieste d'avant le souper.

Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien se raconter tous ces pionniers de l'Autre bord du lac?  Sans doute leurs souvenirs du temps où ils travaillaient à la Brown, la vie dans leurs villages qu'ils avaient quittés pour s'établir à La Tuque et pour certains, leur émigration aux États-Unis.  Ils se rappelaient aussi de la montée des eaux du p'tit lac après la construction du barrage et de la construction de la nouvelle église.  Ils parlaient de politique bien sûr mais aussi de lutte, de baseball et du temps qu'il fait.

Aujourd'hui, il n'y a plus de banc des vieux.  Il y a bien un parc aménagé juste en face avec quelques bancs et quelques autres longeant la rue Saint-Joseph à quelques pieds des autos stationnées en bordure de celle-ci, mais un banc des vieux, juste pour les vieux, il n'y en a plus.


Albert Jutras et son fils Lucien




1 commentaire:

  1. Superbe Michel... bien documenté et belle plume...
    Émile Audy

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