La Tuque a déjà eu une vraie fonderie. Pas celle de l'Alcan, effort de guerre oblige, à l'entrée de la ville, mais une vraie fonderie, à l'ancienne ! Et en prime, elle jouxtait notre petite école Saint-Michel sur la butte du même nom. Elle s'était installée là dès 1919, au coin de la rue Saint-Louis et de l'avenue Brown.
Source: BAnQ Underwriter's survey bureau limited - 1954 |
Source: BAnQ Détail d'une photographie numérisée par Gaston Gravel début des années '40 |
Photo: Roland Boudrault - 1955 à l'arrière-plan, la fonderie |
Au début, la fonderie était dirigée par Alex Filion et Arthur Turgeon puis elle a été rachetée par Jos Bergeron. Mon père, Lucien Jutras, se souvient encore très bien de cette époque. Il se rappelle que la fonderie employait une vingtaine de personnes, qu'elle fournissait bien sûr la Brown en tuyaux, raccords et cylindres en "brass" mais qu'elle exportait aussi une partie de sa production.
La fonderie de La Tuque - vers 1920 Source: The Brown Bulletin, Berlin NH |
La fonderie Côté-Bergeron - fin des années '20 Source: Société historique de La Tuque et du Haut-Saint-Maurice PH-4641 Fonds Denis Adams |
Vue possiblement comparable de l'intérieur de la fonderie Fonderie de fer à St. John NB Source: Musée du Nouveau-Brunswick (MNB) |
On jouait souvent dans la cour de l'école Saint-Michel mais dès que nous approchions de la fonderie, nous ralentissions nos pas: il y avait là quelque chose de mystérieux et dangereux. D'abord le bâtiment ne payait pas de mine: il était noir, trapu et sale. Puis, tout autour, il y avait plein de mâche-fer.
Parfois, nous en approchions suffisamment pour voir par les carreaux des fenêtres le rougeoiement des fourneaux ou des feux de forge.
Nous y dérobions des tiges de fer et de longues broches dont une extrémité était torsadée. Je ne sais pas à quoi elles servaient mais nous avions eu comme idée qu'elles plairaient sûrement à nos pères qui sauraient comment s'en servir. Nous en rapportions de grandes quantités à la maison et nous les laissions sous la galerie comme les chats le font avec les souris qu'ils attrapent et qu'ils rapportent fièrement à leurs maîtres.
Paquet de broches provenant de la fonderie suspendu sous l'avancée du toit du garage depuis 1960 |
Je crois, par ailleurs, que de nombreuses clôtures de l'Autre bord du lac ont été confectionnées à partir de tuyaux de fer provenant de la fonderie. Ces tuyaux verticaux espacés d'environ 6 pouces étaient rattachés à l'aide de broches à trois tuyaux horizontaux beaucoup plus longs alors que l'ensemble était soutenu par des poteaux de fer couronnés de capuchons décoratifs en fonte. Quelques exemples de ces clôtures existent encore sur des terrains de la rue Saint-Augustin.
Exemple d'une clôture fabriquée avec des tuyaux de fer dont le poteau vertical est couronné d'un embout décoratif en fonte (rue Saint-Augustin - 2014) |
Exemple de clôture de poteaux de fer (vers 1940) cour arrière maison familiale de la rue Saint-Augustin |
La fonderie a été détruite lors d'un incendie vers 1960 et peu de temps après, sur le site même de la fonderie, ont été construits ce qu'on appelait les blocs "à Riberdy".
Un autre chapitre extraordinaire de la petite histoire latukoise racontée de fascinante
RépondreEffacerfaçon.