Il y a de ça bien des années, la fête de Noël c'était sérieux, la messe de Minuit débutait à minuit et le traditionnel sapin n'entrait dans la maison qu'à la toute fin de l'Avent et si possible, comme chez les Fortin, nos voisins d'en face, dans la soirée du 24 seulement!
Nos parents essayaient tant bien que mal de nous faire dormir un peu avant la messe mais ils réussissaient rarement, notre excitation étant bien trop grande. Puis, arrivait le moment où il fallait s'habiller pour se rendre à l'église. Ma mère enfilait alors son beau manteau de rat musqué et ajustait son chapeau en feutre turquoise devant le miroir du salon.
Nos parents essayaient tant bien que mal de nous faire dormir un peu avant la messe mais ils réussissaient rarement, notre excitation étant bien trop grande. Puis, arrivait le moment où il fallait s'habiller pour se rendre à l'église. Ma mère enfilait alors son beau manteau de rat musqué et ajustait son chapeau en feutre turquoise devant le miroir du salon.
Carmen Duplantie |
Et nous partions, à pied, pour nous rendre à l'église Saint-Zéphirin où nous entrions, à cette occasion, par les grandes et lourdes portes en cuivre donnant sur la rue Saint-Joseph. Le reste de l'année, nous remontions la rue Saint-Antoine après avoir pris le raccourci du p'tit lac, nous empruntions la porte de côté et arrivions dans la nef par l'avant en longeant les lampions et les confessionnaux. Mais à l'occasion de Noël, nous entrions par l'arrière!
Source: BAnQ - collection Magella Bureau |
À minuit commençait la première des trois messes! C'était la plus importante des trois et dite par le curé Louis Caron, elle était longue et cérémonieuse, presqu'une heure incluant la communion. C'est à la fin de la première messe que mon père, Lucien Jutras, entonnait le Minuit chrétien avec sa belle voix de ténor et là, tout le monde se retournait vers le jubé pour le voir chanter accompagné de Louis Dubé à l'orgue. Malheureusement, il n'était pas encore de mise d'applaudir un chant profane dans un lieu sacré mais ce n'était pas l'envie qui nous manquait.
Pour la deuxième messe, le curé cédait sa place à un de ses vicaires qui s'activait avec moins de passion quoiqu'il ne négligeait jamais l'Épitre et l'Évangile. C'était souvent à ce moment que le mal de coeur nous prenait mon frère et moi. Pour nous faire passer cette étape de la mi-temps, ma mère nous prenait chacun bras et elle nous flattait gentiment comme deux chats.
Pour la troisième messe, qui débutait autour de 01:20, c'était l'abbé Dauphin qui officiait et là, ça roulait! Pas de chant ni de cérémonie, le tout dans un baragouin en latin qui nous était incompréhensible. Expédiée en moins de 15 minutes, la troisième messe se terminait avec un Ite missa est qui nous réjouissait au plus au point. Il n'en était pas moins 01:45 et en ajoutant les quinze minutes pour retourner de l'Autre bord du lac, nous arrivions enfin à la maison de la rue Saint-Augustin vers 02:00 du matin.
Pour la deuxième messe, le curé cédait sa place à un de ses vicaires qui s'activait avec moins de passion quoiqu'il ne négligeait jamais l'Épitre et l'Évangile. C'était souvent à ce moment que le mal de coeur nous prenait mon frère et moi. Pour nous faire passer cette étape de la mi-temps, ma mère nous prenait chacun bras et elle nous flattait gentiment comme deux chats.
Pour la troisième messe, qui débutait autour de 01:20, c'était l'abbé Dauphin qui officiait et là, ça roulait! Pas de chant ni de cérémonie, le tout dans un baragouin en latin qui nous était incompréhensible. Expédiée en moins de 15 minutes, la troisième messe se terminait avec un Ite missa est qui nous réjouissait au plus au point. Il n'en était pas moins 01:45 et en ajoutant les quinze minutes pour retourner de l'Autre bord du lac, nous arrivions enfin à la maison de la rue Saint-Augustin vers 02:00 du matin.
Là, nous attendait pepére qui avait gardé la maison et qui, de toute façon, préférait la messe du jour de Noël à 07:00. Les cadeaux étaient au pied du sapin et mon père, les prenant un par un, nous appelait en disant par exemple: À Céline, de papa et maman.
Photo prise en 1961 de gauche à droite: Jacques, Michel, Céline et Danièle |
Quand la distribution des cadeaux était terminée, mon grand-père Albert, que nous appelions pepére à sa demande, offrait à chacun de nous une espèce de livre cartonné contenant des rouleaux de lifesavers où il avait glissé un billet de 2$.
Finalement, nous passions à table pour le réveillon où nous attendaient des sandwichs de toutes sortes que ma mère avait préparés je ne sais quand mais qui faisaient notre grand bonheur. À la fin, tombant de sommeil, nous montions dans nos chambres pour le reste de la nuit alors que mon père s'installait au piano pour jouer doucement quelques berceuses.
Joyeux Noël!
Joyeux Noël!
Bravo Michel ! Ton texte traduit fort bien l'esprit des Noëls de mon enfance...
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